L’Oulipo, OUvroir de LIttérature POtentielle, aboutit à des œuvres tout à fait particulières, défi continu pour le lecteur. L’écrivain oulipien trouve son élan vers l’écriture par l’imposition d’une contrainte, tandis que le lecteur, quittant son état de contemplation passive, participe à la création et devient un collaborateur nécessaire à la complète réalisation de l’œuvre. Parmi les genres touchés le policier, est accueilli paradoxalement en tant que genre flexible, susceptible d’être soumis à un procédé de complication diégétique dans la mesure où il se rapproche le plus de la structure des œuvres oulipiennes permettant l’élargissement sémantique. En effet, en ce qui concerne l’écriture oulipienne, la construction de l’énigme naît de l’imposition des contraintes et peut concerner tant le niveau formel que sémantique. Et lorsque formel et sémantique sont tous deux impliqués, la contrainte et l’énigme se métatextualisent, influençant alors l’évolution de la narration. Ainsi toute écriture oulipienne est plus ou moins énigmatique dans la mesure où l’on doit résoudre la contrainte pour en comprendre le sens. C’est l’existence de cette énigme structurelle qui rapproche les textes oulipiens de la démarche policière et c’est pour cela que si l’on considère le roman oulipien, on trouvera une complication dans la mesure où l’énigme structurelle, liée à l’imposition de la contrainte, est compliquée par l’énigme diégétique, typique du texte policier. Parmi les œuvres oulipiennes, les écrits qui métatextualisent la contrainte se construisent aussi en tant que réflexion métadiégétique sur l’écriture qui s’accomplit en même temps que l’évolution diégétique. La résolution de l’énigme coïncide alors avec la quête d’une forme d’écriture, l’enquête sur les méthodes d’arranger le récit. Le lecteur est alors élu soit en tant que double du détective/personnage, soit comme destinataire d’une réflexion portant sur la création littéraire où l’ironie et la parodie constituent une manière de faire critique. On analysera alors les procédés de construction de l’énigme et de la structure dans trois romans de Jacques Roubaud qui composent le cycle d’Hortense (La belle Hortense L’Enlèvement d’Hortense L’Exil d’Hortense) où l’énigme structurelle, l’énigme diégétique et le procédé d’écriture sont continuellement questionnés. Dans l’œuvre de Jacques Roubaud en effet l’écriture du roman ne se réalise que par un procédé de déconstruction. L’absence d’une forme-roman cohérente continuellement détruite par les interventions de l’écrivain et par les apostrophes au lecteur est équilibrée par la contrainte poétique qui soutient le policier et qui donne de l’unité au texte. Elisabeth Lavault a dit à propos de la sextine contrainte du cycle : « La sextine s’inscrit à travers les romans pour dire sans le montrer un amour qui n’est plus, présence-absence de l’amour de loin » . Ainsi cette transformation de la sextine en structure de prose romanesque constitue une manière de masquer une autre absence, celle intime de la femme aimée.

TONONI, D. (2010). « Moi Jacques Roubaud, je ne suis ici que celui qui tient la plume... ». Absence/enquête/quête de la forme-roman dans le cycle d'Hortense. In P. Bissa Enama, A. Tang (a cura di), Absence, enquête et quête dans le roman francophone (pp. 117-130). Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien : Peter Lang.

« Moi Jacques Roubaud, je ne suis ici que celui qui tient la plume... ». Absence/enquête/quête de la forme-roman dans le cycle d'Hortense

TONONI, Daniela
2010-01-01

Abstract

L’Oulipo, OUvroir de LIttérature POtentielle, aboutit à des œuvres tout à fait particulières, défi continu pour le lecteur. L’écrivain oulipien trouve son élan vers l’écriture par l’imposition d’une contrainte, tandis que le lecteur, quittant son état de contemplation passive, participe à la création et devient un collaborateur nécessaire à la complète réalisation de l’œuvre. Parmi les genres touchés le policier, est accueilli paradoxalement en tant que genre flexible, susceptible d’être soumis à un procédé de complication diégétique dans la mesure où il se rapproche le plus de la structure des œuvres oulipiennes permettant l’élargissement sémantique. En effet, en ce qui concerne l’écriture oulipienne, la construction de l’énigme naît de l’imposition des contraintes et peut concerner tant le niveau formel que sémantique. Et lorsque formel et sémantique sont tous deux impliqués, la contrainte et l’énigme se métatextualisent, influençant alors l’évolution de la narration. Ainsi toute écriture oulipienne est plus ou moins énigmatique dans la mesure où l’on doit résoudre la contrainte pour en comprendre le sens. C’est l’existence de cette énigme structurelle qui rapproche les textes oulipiens de la démarche policière et c’est pour cela que si l’on considère le roman oulipien, on trouvera une complication dans la mesure où l’énigme structurelle, liée à l’imposition de la contrainte, est compliquée par l’énigme diégétique, typique du texte policier. Parmi les œuvres oulipiennes, les écrits qui métatextualisent la contrainte se construisent aussi en tant que réflexion métadiégétique sur l’écriture qui s’accomplit en même temps que l’évolution diégétique. La résolution de l’énigme coïncide alors avec la quête d’une forme d’écriture, l’enquête sur les méthodes d’arranger le récit. Le lecteur est alors élu soit en tant que double du détective/personnage, soit comme destinataire d’une réflexion portant sur la création littéraire où l’ironie et la parodie constituent une manière de faire critique. On analysera alors les procédés de construction de l’énigme et de la structure dans trois romans de Jacques Roubaud qui composent le cycle d’Hortense (La belle Hortense L’Enlèvement d’Hortense L’Exil d’Hortense) où l’énigme structurelle, l’énigme diégétique et le procédé d’écriture sont continuellement questionnés. Dans l’œuvre de Jacques Roubaud en effet l’écriture du roman ne se réalise que par un procédé de déconstruction. L’absence d’une forme-roman cohérente continuellement détruite par les interventions de l’écrivain et par les apostrophes au lecteur est équilibrée par la contrainte poétique qui soutient le policier et qui donne de l’unité au texte. Elisabeth Lavault a dit à propos de la sextine contrainte du cycle : « La sextine s’inscrit à travers les romans pour dire sans le montrer un amour qui n’est plus, présence-absence de l’amour de loin » . Ainsi cette transformation de la sextine en structure de prose romanesque constitue une manière de masquer une autre absence, celle intime de la femme aimée.
2010
TONONI, D. (2010). « Moi Jacques Roubaud, je ne suis ici que celui qui tient la plume... ». Absence/enquête/quête de la forme-roman dans le cycle d'Hortense. In P. Bissa Enama, A. Tang (a cura di), Absence, enquête et quête dans le roman francophone (pp. 117-130). Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien : Peter Lang.
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/10447/51016
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